Antoine Giard est né à Caen et crée de la lumière en pleine nuit comme les lucioles, c’est un poète. Il écrit avec des images qu’il imprime quand elles ont dit stop ça suffit. Il compose en découpant des photos, des phrases, dans les journaux, les magazines, les publicités. Ses ciseaux ne bougent pas, c’est le papier qui bouge. Naît une première forme, puis une contreforme. Puis il donne du texte à des images qui en ont besoin et inversement. Inachevées, en cours, des images remplissent des dossiers de fichiers dans son ordi ou des tas de bazar sur son bureau. Le bazar n’est pas un problème pour lui car il veut dire beaucoup. Et oui, ça n’est pas une mince affaire que de faire se rencontrer une publicité de carrouf avec un texte de Vincent Perrotet (un graphiste qu’il aime beaucoup). Les rencontres, les coïncidences géniales sont souvent les fruits d’un long travail. L’étendue des possibles doit être envisagée pour que les choses adviennent, et c’est ce qu’il ne cesse de faire. C’est assez fatigant il faut le dire, parce que les idéalistes n’ont pas bonne presse et parce que l’amoncellemet pose ineluctablement d’éminentes questions logistiques. Mais bon, il sait que « tout est dans tout » et que ses images ont besoin de mijoter avant de partir dans le vaste monde. Un bon matin, il en « arrêtera » une et ce sera banco, impression Riso. Il aime les diffuser, il aime qu’elles trouvent leur place, sur un rebord de cheminée ou dans un porte-feuille. 

Antoine Giard est artiste et designer-graphique. Il démystifie la poésie parce qu’elle n’est pas forcément compliquée, qu’elle ne veut pas être toute aplatie dans le réel, et qu’elle est une denrée de première nécessité. Pour ça, parfois, il s’associe à d’autres lucioles et ça flamboie : c’est J’aime beaucoup ce que vous faites, Plein Temps Libre. Il ne dit pas non plus que son quotidien c’est toujours flamme, ardeur, passion. C’est aussi biscuit, café, crème. C’est écouter Yürüyüsü de les Agamemnonz en regardant le cosmos par la fenêtre. C’est penser à ce qu’il y a derrière les étoiles. C’est ne pas avoir peur des mots et affirmer que la poésie lui tient la porte, lui tire les oreilles, lui paie des verre, lui met des petites tapes derrière le crâne, lui cale le dos, lui glisse à l’oreille que ça va aller, et que bien souvent elle le tient debout.


Ecouter Yürüyüsü de les Agamemnonz
Voir le travail d’Antoine Giard
Ecouter le portrait lu, un montage sonore que j’ai fait de manière exceptionnelle et ça m’a beaucoup plu
Ce portrait a été réalisé pour le Buzz Pack 56 publié en septembre 2018 (Caen)