Nous voilà en route.
Il y a un grand soleil qui nous réchauffe les joues. Les coucous remplissent les fossés
sur les bords du chemin.
J’entends au loin un faisan qui chante.
J’essaie de l’imiter mais à la place on dirait que j’imite une grenouille. Il faut que je m’améliore.
Nous ne sommes pas encore dans la forêt. Nous longeons un champ où un âne broute tranquillement. C’est joli ici. Des mouches l’embête un peu. Nous voyons les premiers grands chênes.
Entre les branches les premières corneilles à pois bleus et jaunes.
Elles chantent très fort et brillent.
Je m’imagine quelques instants voler moi aussi de branche en branche. Je me sens guilleret et je sautille sur le sentier. Je vise avec mes pieds les cailloux rouges qui de temps en temps font surface, très brièvement.
TAC TAC TAC TAC TAC
Un picvert me fait sursauter.
Je le cherche du regard mais ne le trouve pas.
Il tape sur le tronc avec son bec.
Je l’entends.
– Et toi Bernardo tu l’entends ?
J’entends un oiseau mais pas Bernardo.
– Bernaaaaaaaaardo ?
Je cherche des tâches roses au milieu des feuilles vertes (c’est un flamand rose à ce qu’on dit). Ah le voilà !
– Bernardo !?!
– Oui, oui, qu’y a-t-il ?
– Et bien je suis en route moi, pour retrouver le parasol ! Toi tu fais quoi à traîner derrièèèèèère ?
– Chut ! L’homme aux cerf-volants est là.
– Quoi ?
– Juste là, dans le grand champ.
On voit au loin une petite tâche blanche osciller dans le ciel tout bleu. Le ciel pimpe avec ce cerf-volant à l’intérieur de lui.
C’est un grand monsieur qui le tient.
Un grand monsieur avec de longues jambes et des très longs bras (étirés par les cerf-volants,
à ce qu’on dit).
Il lève haut le bras droit et tend le fil de
son cerf-volant bleu et vert en forme de losange.
C’est l’homme aux cerf-volants.
C’est rare de le voir.
Il est sauvage.
Ca porte chance de le voir à ce qu’on dit.