Marie-Johanna Cornut et Marie Sirgue se sont rencontrées entre l’atelier moulage et l’atelier bois de l’école des Beaux-arts de Toulouse, à une époque pas si lointaine. Elles avaient la même perceuse et le cul toujours un peu recouvert de plâtre. L’une faisait un lustre en mêche de pétard quand l’autre découpait de la tôle ondulée pour s’en faire un chapeau. Elles pensaient toutes les deux en trois dimensions et en réel. Ca fait pas mal de bruit. Scier la soudure en chantonnant sans filer les collants, et rien à secouer qu’il pleuve. Et puis un beau jour, une belle après-midi de mai, elles se seraient brûlées le même doigt (le pouce) avec la machine à café. Elles voulaient le même “expresso sucré”, mais il ne voulait pas d’elles. Elles avaient chacune une brûlure ronde sur le haut du pouce droit. Petite blessure sur la main, grande réflexion sur le monde. Trous, chaleur, bruit… C’est comme ça qu’un matin, alors qu’une brise fraîche balayait la place du Capitole et que des pigeons s’envolaient avec grâce vers des miettes de pain au chocolat, qu’elles se sont regardées avec l’air joyeux et sérieux de ceux qui viennent d’avoir une grande idée. Elles allaient tout réduire en confettis ! Faire des petits trous ronds sur tout. Alors, elles sont rentrées à leur atelier et ont commencé à confettiser, du verbe “confettir”, tout ce qui leur passait sous la main pendant plusieurs semaines. User des burins, se faire des entorses de mains… Une petite manufacture de confettis qui laisse derrière elle une nature morte d’objets en lambeaux, traces du carnage. Une œuvre pointilliste en négatif. Grâce à cette oeuvre on dit qu’elles ont rencontrées le poinçonneur des Lilas et Serge Gainsbourg est en train de leur écrire une chanson : buriner les palmes. On a hâte de l’écouter !


Ecouter le poinçonneur des Lilas et Serge Gainsbourg
Photographie de Yann Gachet
Site de Marie-Johanna Cornut, site de Marie Sirgue
Portrait publié dans le Buzz Pack 36 en mai 2016 (Caen)